Six promos en sept familles
SIX LAURÉATS pour une centaine de candidats. La « Star Ac », c'est 94 % de chances d'être lâché seul dans la nature à la fin de la compétition. Dur, dur, après trois mois de médiatisation à outrance.
Du coup, et avec les années, les destinées des anciens se diversifient de plus en plus, entre les poids lourds et les poids plume, ceux qui ont laissé tomber la chanson et ceux qui ont disparu de la circulation... En tout, sept familles de staracademyciens.
Les « variété »
Souvent fascinés par les « grandes voix » (Céline Dion, Mariah Carey ou Isabelle Boulay), ils explorent le créneau le plus fédérateur, celui sur lequel la « Star Academy » a fondé son identité : la variété. Pionnières du dispositif, Jenifer et Nolwenn Leroy en ont le mieux récolté les fruits, en vendant chacune plus d'un million de disques, leurs deux albums respectifs additionnés. La variété française, c'est le genre des vainqueurs, qui n'y coupent pas pour leur premier opus. Le hic, c'est qu'avec l'usure du programme et la crise du disque il ne garantit plus le succès commercial. Les premières galettes de Grégory Lemarchal et Elodie Frégé ont plafonné à 250 000 exemplaires. Score enviable pour n'importe quel artiste débutant, mais mince à côté des 900 000 exemplaires de Jenifer. Le procédé a produit son plus gros couac l'an dernier, avec les 30 000 copies de Magalie Vaé. Qu'adviendra-t-il de Cyril ?
Les « nouvelle scène »
Stimulés par le triomphe critique et public d' Olivia Ruiz (dont « la Femme chocolat » vient de dépasser le demi-million d'albums), ils creusent un sillon musical plus pointu : la fameuse « nouvelle scène » française, menée par Bénabar ou Carla Bruni. « S'embrasser » de Patxi (« Star Ac » 3) et « le Jeu des sept erreurs », concocté par Benjamin Biolay pour le changement de cap musical d' Elodie Frégé, ont été salués par la critique. Mais, avec leurs 12 000 et 75 000 exemplaires respectifs, ils restent encore des succès d'estime. Patxi et Elodie sont coincés entre deux publics : le populaire, qui préférerait les entendre chanter de la variété, et le branché, qui dédaigne le label Star Ac. Pas sûr que l'accession cette année en demi-finale de Marina augure d'une révolution en la matière.
Les discrets
Inexistants médiatiquement, ils tentent de poursuivre leur carrière seuls. Internet colporte ainsi des rumeurs d'albums à paraître dans les prochains mois pour Mathieu Johann ou Sofiane (« Star Ac » 4). John (« Star Ac » 4) et Ely (« Star Ac » 5) ont discrètement rejoint les troupes des comédies musicales « Roméo et Juliette » et « Don Juan ». Morganne et Harlem (« Star Ac » 3), Tina et Francesca (« Star Ac » 4) ont trouvé un refuge sur le site Internet MySpace, où ils proposent leurs compositions autoproduites. Et puis, bien sûr, il y a la très longue liste des disparus, au rang desquels figure même la finaliste 2004, Lucie Bernardoni .
Les « pop-rock »
En rupture avec le moule « variétoche » de la « Star Ac », ils explorent une pop-rock FM dans la lignée de Kyo ou d'Avril Lavigne. Emma Daumas et Jérémy Châtelain (« Star Ac » 2) ouvrent la voie à Pascal Mono (« Star Ac » 5) et pourquoi pas à Dominique, la finaliste 2006 ?
Les exclus du système
Portés par leur talent ou la machinerie du jeu, ils auraient dû rencontrer le succès... Ils n'y sont pas parvenus. C'est l'histoire de Magalie Vaé, plébiscitée par les téléspectateurs mais lâchée commercialement. Et celle de Georges-Alain Jones (« Star Ac » 2) et Sofia Essaïdi (« Star Ac » 3), qui méritaient mieux que l'anonymat dans lequel ils sont retombés. Les concerts remarqués, l'an dernier, de Georges-Alain à la Maroquinerie, et son album courageux (« New Jersey », ULM) sont restés classés sans suite. Et Sofia, qui avait freiné ses ardeurs jazzy pour un album plus accessible, n'a pas percé. Mais on parle d'elle pour le prochain spectacle de Kamel Ouali. Parfois, le talent et la grâce ne suffisent pas, d'où notre inquiétude cette année pour l'explosive Cynthia.
Les reconvertis
Ils ont délaissé la chanson mais sont restés « dans le show-biz »... et le giron de TF 1. Edouard (« Star Ac » 3) est guitariste sur le prime du télé-crochet, et Sandy (« Star Ac » 4) y rejoint ponctuellement les danseuses de Kamel Ouali.
Jean-Pascal (« Star Ac » 1) joue de sa tchatche comme chroniqueur ou comédien dans diverses productions de la chaîne. Tout comme Maud (« Star Ac » 5), nouvelle recrue du « Commissaire Valence », où elle incarne la fille de Bernard Tapie. Seule à avoir trouvé asile hors de la Une, Aurélie Konaté (« Star Ac » 2) est animatrice sur Fun TV depuis la rentrée.
Les soldats de l'ombre
Ils s'accrochent et poursuivent leur petit bonhomme de chemin dans de petites salles, loin des caméras. Jérémy Amelin (« Star Ac » 5) va défendre sa « pop électro » au Théâtre de Dix Heures, et Michal (« Star Ac » 3) sort le 15 janvier un deuxième album aux sonorités rock 80's, avant une date au Théâtre Dejazet (voir encadré). Et, bien sûr, il y a le « cas » « Salut Joe ! », spectacle hommage à Joe Dassin qui a relancé les carrières de six anciens élèves : Mario et Carine de la « Star Ac » 1, Anne-Laure et Houcine de la « Star Ac » 2, Pierre et Alexia de la « Star Ac » 5. Du coup, on parle de futurs albums pour Houcine, Pierre (inspiré par « la soul et le blues des années 1950 à 1970 ») et Mario (variété italienne). Quant au premier opus de Carine, aux sonorités soul/R'n'B/oriental, il a déjà un nom : « Enfin ». Un cri du coeur, six ans après sa demi-finale à la « Star Ac » 1.
Le Parisien , vendredi 05 janvier 2007