L'énergie poétique d'Olivia Ruiz
Bataclan (XI e ), 23 h 30. Comme dit le refrain d'un de ses tubes, elle n'a pas « traîné des pieds » en route depuis la Star Ac, la môme de Carcassonne. A 26 ans, alors que son deuxième album, « la Femme chocolat » (Polydor), sera sacré disque d'or d'ici à quelques jours, Olivia Ruiz s'impose, en concert au Bataclan, comme une personnalité originale, survitaminée et fichtrement douée de la chanson française.
Le chaînon manquant entre Fréhel et les punks, entre la variété insouciante des sixties et Calexico, avec une touche de romantisme teintée de beaucoup d'humour. « Approchez, approchez », invite-t-elle à la manière d'une bateleuse en entrant sur scène, vêtue d'une petite robe courte sur une paire de bottes blanches. De la salle pleine à craquer monte une ovation chaleureuse. Entourée de cinq musiciens qui alternent rock et rythmes andalous avec, çà et là, des effluves de guinguette et des mélodies plus douces, la jolie brune empoigne son micro. Et embarque le public pour plus de deux heures sans temps mort dans son univers réaliste et poétique. «Excusez le manque de glamour, mais on est tous un peu malades », sourit-elle en jetant un mouchoir en papier. Du glamour, Olivia Ruiz en a plein la voix. Aussi bien quand elle crie en anglais, sur un rock nerveux, I Need a Child , que lorsqu'elle reprend le classique de Marylin Monroe, My Heart Belongs to Daddy. Dans sa gestuelle et sa façon de danser, elle dégage une formidable présence, comme lorsqu'elle twiste sur J'aime pas l'amour, le tube de son premier album signé par sa copine Juliette. Craquante lorsqu'elle entonne la Femme chocolat, une sucrerie pop écrite avec le chanteur de Dyonisos, Mathias Malzieu - qui la couve du regard depuis la salle -, elle assure tout autant en duo avec le sombre chanteur des Têtes Raides, venu la retrouver sur scène. Ou encore dans les comptines cruelles qui racontent son enfance.
«Quand je pense que j'y avais vu Patty Smith il n'y a pas si longtemps, je n'en reviens pas de chanter ici », lâche-t-elle entre deux morceaux. Celle qui fit ses armes toute jeune avec son papa musicien avant de s'essayer à l'école de la Star Ac est aujourd'hui une interprète totalement émancipée, dont le public reprend les refrains par coeur et savoure la belle énergie.
Source: Le Parisien