«ET SI ON POUVAIT juste faire de la musique ? » Jérémy Chatelain pose cette question le plus naturellement du monde. A 21 ans, il veut juste être auteur-compositeur-interprète, comme en atteste son deuxième disque, « Variétés françaises ». Le jeune homme y gagne une vraie crédibilité.
« Je sens que les regards changent, acquiesce-t-il. Les médias qui viennent à ma rencontre s'intéressent à l'album. » Parce que, avant, on venait surtout voir le gars connu, exemple parmi d'autres de célébrité devenue métier. Jérémy Chatelain était le ravi de la crèche, le joyeux drille de « Star Academy » 2. « Dans la vie, je suis plutôt un mec fun, confirme-t-il. Ça ne m'empêche pas d'écrire des chansons. »
Surtout que sa vocation ne date pas d'hier, entre un papa garagiste et une maman qui a élevé ses trois enfants à la maison. « A 5 ans, elle m'inscrivait au conservatoire ; j'ai eu un piano à 8 ans, une batterie à 10. Je me suis mis à la guitare un peu plus tard. J'avais déjà une démarche d'auteur-compositeur. » Ses parents lui aménagent un mini-studio d'enregistrement dans une dépendance, « parce que je faisais trop de bruit dans la maison ».
« J'ai passé des jours et des jours à composer. A 17 ans, j'avais 50 chansons en stock. » Mais l'histoire ne va pas assez vite pour lui. « Ecrire des chansons à 16 ans, cela peut passer pour du génie ; à 25, c'est banal. Alors mon père m'a financé une séance d'enregistrement. Ça a dû coûter 10 000 francs. Il m'a seulement dit : Si tu te lances, tu ne t'arrêtes pas. »
Une motivation qui l'amènera jusqu'à « Star Academy ». Hors sujet, a priori, pour un apprenti artiste davantage client d'Alain Bashung que de Michel Berger, qu'il reprend pourtant avec les élèves du château.
« Les concessions étaient quand même minimes. J'ai vite compris l'esprit paillettes des prime times mais, à côté de ça, je faisais de la zique tout le temps. Je n'ai jamais autant composé de ma vie qu'à cette période. » A sa sortie de l'émission, on lui propose d'abord des chansons toutes prêtes et un album clés en main. « Pour certains, il n'était pas possible qu'un mec qui venait de participer à un karaoké géant puisse écrire des morceaux. »
Jérémy a finalement pu défendre les siens dans un premier CD qui laissait encore sceptique. Il a baptisé le deuxième « Variétés françaises », au pluriel, comme un clin d'oeil aux luttes de clans, aux querelles de clocher.
« Je déteste le formatage. Pour moi, ça existe autant dans la musique dite commerciale que dans le rock soi-disant branché. C'est pour ça que j'ai voulu avoir, sur un même disque, des textes de Lionel Florence, qui est proche de Pascal Obispo, et de Jean Fauque, qui écrit pour Alain Bashung. Je suis assez content de mon coup. »
Il peut l'être aussi de plusieurs chansons dont il signe paroles et musique, comme « Laisse-toi partir », sur la mort de sa mère, ou « Il sera elle », histoire d'amour israélo-arabe. En quelques titres, Jérémy Chatelain balaie ainsi tous les préjugés et montre qu'un télé-crochet peut aussi révéler des artistes complets, comme avant lui Olivia Ruiz ou, bientôt, Patxi Garat, dont on attend le premier album fin mai. « Je fais des chansons depuis toujours, conclut-il. J'ai juste eu un parcours atypique. »
Source: Le parisien