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Olivia Ruiz / La femme chocolat

Une critique de Francois Blain



En France comme ici, l'émission de télé Star Académie a promu des vedettes qui triomphent instantanément, mais qui comptent aussi leurs dénigreurs. Dans l'Hexagone, les premières de classe ont comme prénom Jennifer ou Nolwen. Diplômée de l'édition 2001, Olivia Ruiz, qui s'était rendue en demi-finale, a réussi à échapper à la chanson formatée que l'on attribue à cette école cathodique.


Qui tu fréquentes
Comme Stéphanie Lapointe ici qui s'est acoquinée à des musiciens d'Ariane Moffat pour ses premiers pas discographiques, Olivia Ruiz s'est tournée - dès sa sortie de la Star Ac' - vers des artistes qu'elle aimait. Ainsi sur J'aime pas l'amour (2003), elle a convaincu Juliette, Néry et Philippe Prohom de lui écrire des chansons à son image. Le ton particulier de ce premier jet - porté par une jeune femme battante et indépendante - a fait son oeuvre. Pour son deuxième essai, à ces noms s'ajoutent ceux de Christophe Mali (Tryo), Christian Olivier (Têtes raides) et Mathias Malzieu (Dionysos) qui signe trois titres, en plus de coréaliser l'album.

D'où tu viens
Avec leur aide et celle du réalisateur Alain Cluzeau, associé aussi à Bénabar et Thomas Fersen, cet enfant de la balle cultive un jardin où poussent autant néo-réalisme (Petite voleuse), flamenco (La molinera) que rock ibérique (Quijote). Quoi de plus normal pour cette fille au sang mêlé dont les grands-parents - que l'on voit dans le livret - ont fui Franco. Du coup, La femme chocolat traite de thèmes plus personnels. Il y est question de son père musicien de bal (Cabaret blanc), de son enfance dans le café de ses parents (J'traîne les pieds) ou de secrets de famille (Non-dits).

Famille d'esprit
Même si elle ne crache pas dans la soupe de la Star Ac' qui lui a permis de s'entendre avec une multinationale du disque, Olivia Ruiz a choisi son clan, celui de la chanson de qualité, qualifiée parfois d'alternative. Disque après disque, elle impose délicatement sa personnalité artistique. Elle signe d'ailleurs quatre titres sur La femme chocolat. Son intérêt pour des styles musicaux diversifiés (musique de fanfare, envolées tsiganes ou latines et rock) peut désarçonner. Mais elle n'a pas terminé de surprendre, puisqu'elle rêve de travailler avec Émir Kusturica ou Goran Bregovitch.

Olivia Ruiz, La femme chocolat (Polydor 9833672)

Ahh, c'est cool qu'on parle d'elle au Canada, c'est vrai, qu'elle surprend beaucoup, mais au moins, elle reste là!